J’ai longtemps hésité avant de partager cette histoire. C’est intime et je sais que ça peut déranger. Mais je me suis dit que si parler de tout ça, ici, en toute vulnérabilité, peut aider ne serait-ce qu’une seule personne (désolée pour le cliché) … alors ça vaut le coup.
On parle beaucoup de contraception, d’IVG, du droit des femmes à disposer de leur corps mais je trouve que cela reste un sujet très sensible. Encore plus quand cela arrive dans le cadre d’un couple stable, dans un moment où "tout va bien".
J’ai envie d’ouvrir ce dialogue, sans jugement, avec nuance, avec honnêteté. Pour briser un peu ce tabou, faire de la prévention, et peut-être aussi vous aider à vous sentir moins seules si vous avez traversé la même chose.
Par où commencer ?
J’ai eu la chance d’avoir une maman très ouverte à propos de la sexualité et de la contraception. Dès qu’elle a senti que c’était le moment (et elle sent très bien les choses), elle m’a emmenée chez le gynéco. J’avais 17 ans, et j’ai commencé la pilule.
Je suis restée sous pilule jusqu’à mes 26 ans. J’ai changé plusieurs fois, pour finir avec Slinda, que je tolérais très bien. Aucun effet secondaire majeur à signaler… du moins rien que je pouvais clairement identifier après presque 10 ans. À force, difficile de savoir ce qui est "normal" ou pas.
Il y a eu quelques oublis, comme tout le monde, mais jamais d’accident. La pilule a bien fait son job. Est-ce que c’était parfait ? Non. Une pilule m’a donné de l’acné, une autre des douleurs dans les seins, de la rétention d’eau. Mais rien de dramatique. Je me disais que c’était le prix à payer pour la tranquillité d’esprit.
L’arrêt de la pilule
Un jour, j’ai commencé à me poser des questions. Après plusieurs lectures (notamment les livres d’Alisa Vitti) et des écoutes de podcasts sur les hormones, j’ai eu envie d’arrêter la pilule.
Pourquoi ? Parce que certains avancent qu’elle pourrait être cancérigène, qu’elle modifierait notre personnalité, masquerait des signes de dérèglements hormonaux… et surtout, qu’elle nous couperait d’un lien essentiel à nous-mêmes : notre cycle. Comme si on passait à côté d’une partie de notre essence de femme.
Mais si je suis honnête, ce n’est pas vraiment la peur des effets secondaires ou des maladies qui m’a poussée à l’arrêter. C’était plus instinctif que ça. Une envie de me retrouver, sans hormones. Une curiosité. Un besoin de renouer avec ma féminité, de voir si « tout fonctionne ».
J’en parle à mon mari (enfin, à l’époque on n’était pas encore mariés et on vivait dans des villes différentes). Il me soutient à 100 %, ce qui me conforte dans ma décision. Je me lance donc, sans même consulter ma gynéco car je n’étais pas certaine qu’elle comprendrait ma démarche.
Je suis alors les recommandations d’Alisa Vitti et les pas d’une amie qui avait déjà franchi le cap. Je choisis la méthode FAM (en anglais Fertility Awareness Method), avec l’aide de l’appli Natural Cycles.
Rappel de Biologie
Petit rappel essentiel (et je me rends compte que beaucoup, beaucoup trop de femmes ne connaissent pas bien leur propre corps) : une femme n’est fertile qu’environ 6 jours par cycle. Elle ovule une seule fois par cycle (souvent autour du jour 14, mais ça varie selon les femmes), et l’ovule a une durée de vie de 24 à 48h. Le sperme, lui, peut survivre jusqu’à 5 jours à l’intérieur du corps. Ce qui nous donne une « fenêtre de fertilité » d’environ 6 jours.
Le plus fou ? C’est qu’on est surtout fertile avant l’ovulation. Même si la conception n’a lieu qu’une fois l’ovule libéré, ce sont les rapports des jours précédents qui peuvent mener à une grossesse.
Le hic, c’est que notre corps n’est pas une machine. Même si tu ovules pile au jour 16 depuis 10 ans, rien ne garantit que ce mois-ci, ce ne sera pas au jour 12. Comment, alors, gérer et prédire cette fenêtre de fertilité de manière « safe » ?
La méthode FAM (Fertility Awareness Method) et l’appli Natural Cycles
La méthode FAM repose sur la prise de sa température basale. La température basale c’est la température de ton corps au repos. Elle est plus basse pendant la première moitié du cycle, puis monte de manière significative après l’ovulation et reste élevée jusqu’aux prochaines règles. Si elle ne redescend pas : tu es probablement enceinte.
Il existe une appli (suédoise) qui s’appelle Natural Cycles (approuvée par la FDA et reconnu comme dispositif médical en Europe), qui utilise ta température et un algorithme hyper pointu basé sur des données cliniques pour déterminer les jours fertiles et non fertiles.
Le principe ? L’appli te donne des jours verts (où tu es “safe”) et des jours rouges (où tu es potentiellement fertile). Ces jours rouges, tu dois te protéger (préservatifs) ou t’abstenir.
Niveau efficacité, selon leurs études, Natural Cycles est aussi fiable que la pilule :
93 % d’efficacité en usage typique (avec les petits oublis de la vraie vie),
98 % en usage parfait (si tu prends bien ta température chaque matin, etc.).
Tu dois donc prendre ta température basale tous les matins au réveil. Moi, j’ai commencé avec un thermomètre buccal, puis je suis vite passée à la bague connectée Oura Ring, beaucoup plus pratique et moins contraignante.
J’ai suivi cette méthode pendant près d’un an et demi, sans problème.
1er IVG
Fast forward. Quelques mois après mes fiançailles, je rentre de vacances au soleil.
Je me sens un peu fatiguée, mais je me dis que c’est le jet lag. Je remarque aussi que mon cœur bat bizarrement. Je vais jusqu’à envoyer un texto dans le groupe de ma famille pour demander si je dois consulter un cardiologue (hello, hypocondrie).
Ma température basale et ma fréquence cardiaque au repos sont plus élevées que d’habitude, je le vois avec ma Oura Ring. Et puis je commence à avoir des crampes dans le bas-ventre, un peu inhabituelles.
Un soir, on dîne entre amis pour mon anniversaire. Une copine annonce sa grossesse… et là, tilt dans ma tête. Intuition soudaine.
Le lendemain matin, je file acheter un test dès le réveil. Je rentre, je fais le test. Au début : rien. FIOUUUUF, c’était dans ma tête.Je regarde de plus près.
En fait, il y a une ligne. Très pâle, mais elle est là.
Trois lettres me viennent immédiatement : FML (fuck my life, pour ceux qui n’ont pas la ref).
Et là, une vague d’émotions m’envahit. Je suis contente. Je suis heureuse. Soulagée. Stressée. Confuse. Énervée. WHAT.
Je l’annonce à mon fiancé avec un rire nerveux. Je ne sais pas quoi en penser. Ce n’était pas du tout au programme.
Je ne vais pas trop entrer dans les détails ici, sur ce que j’ai ressenti, sur comment j’ai pris ma décision. Peut-être dans une partie 2. Ce que je peux dire, c’est que j’ai beaucoup pleuré. Je me sentais perdue. Et j’aurais aimé trouver des témoignages similaires. Parce qu’autour de moi, j’avais déjà connu des IVG, mais jamais dans ce contexte : un couple heureux, sur le point de se marier, avec tout pour dire oui.
J’ai pris ma décision assez rapidement, en quelques jours. J’étais au tout début de la grossesse. Ma mère m’a dit quelque chose qui m’a marquée :
« Ne réfléchis pas trop. Tu vas te faire du mal pour rien. De toute façon, on ne saura jamais ce que ça aurait donné. »
Et c’est vrai. Avec des si…
Ma gynéco (que je vois depuis mes 18 ans) a été extraordinaire. Pas culpabilisante, très rassurante. Elle m’a dit :
« Vous ne serez ni la première ni la dernière. »
Elle m’a aussi expliqué que beaucoup de femmes de ma génération ne prennent plus la pilule, et que les IVG explosent dans notre tranche d’âge. Ça m’a fait réfléchir. Elle m’a également rassurée sur ma fertilité : que ça n’aurait aucun impact. Au contraire, statistiquement, les femmes qui ont recours à une IVG ont souvent plus d’enfants… parce qu’elles tombent plus facilement enceintes.
Comment je suis tombée enceinte ? Je ne le saurai jamais avec certitude mais on a raté un « jour rouge », le tout premier. Comme c’était loin de ma date habituelle d’ovulation, je ne m’en suis pas trop inquiétée.
L’avortement, concrètement, se fait en deux étapes :
1. Une première prise de médicament qui arrête la grossesse (on ne sent généralement rien).
2. Deux jours plus tard, une seconde prise pour déclencher l’expulsion.
Dans mon cas, ça ressemblait à des règles très abondantes. Mais la douleur... des contractions intenses, violentes. Pas longtemps, heureusement, mais wow. Jamais connu ça avant.
Ce n’est pas un moment agréable, c’est clair. Comme d’habitude, j’ai serré les dents. Et j’ai un peu refoulé la douleur psychologique. Je me disais : « Ce n’est rien. »
Mais si, en fait. Même quand c’est un choix. Même quand c’est profondément ce qu’on souhaite. Ce n’est pas rien. Ça laisse une petite cicatrice. Et c’est important de le dire.
Je me suis aussi sentie empowered. D’avoir pu décider. D’avoir eu le choix. D’être maîtresse de mon corps, de mon timing.
Je me suis sentie chanceuse, aussi, d’avoir eu une gynéco bienveillante, sans jugement.
Après ?
S’en est venue la question d’après ? est-ce que j’allais reprendre la pilule ? je n’en avais aucune envie. J’étais bien, je me suis dit que c’était un accident. J’ai donc décidé de ne rien changer et qu’on ferait super attention. La méthode avait marché parfaitement pendant plus d’un an et demi. L’erreur venait de mon côté donc si je faisais attention je me suis dit qu’on serait OK.
Little did I know.
2e IVG
Six mois plus tard.
Tout va bien. C’est l’été, la vie est belle.
Et puis, à nouveau, je sens que mon cœur bat un peu plus vite.
Ce qui est fou, c’est que je réalise à quel point je suis connectée à mon corps. Les deux fois, j’ai capté les petits signaux très tôt.
Je pars en vacances d’été et là, d’autres petits symptômes apparaissent. Mes goûts changent : des plats que j’adore d’habitude ne me font plus du tout envie. Et je ressens de légères crampes. Ça pourrait passer pour des crampes de règles, mais j’en ai très rarement et elles n’arrivent jamais sans que mes règles suivent immédiatement.
Je sens que quelque chose cloche, mais dans ma tête, un deuxième accident est impossible. On fait hyper attention.
Un jour, pour me rassurer, je fais un test de détection précoce. Résultat : positif. Immédiatement. En une demi-seconde.
Et là, à nouveau, ces 3 lettres : FML.
Mais cette fois, je suis moins en panique. Ce n’est pas la première fois. Je connais le processus. Et surtout, dans ma tête, la décision est déjà plus claire.
Je suis quand même sous le choc. Je ne comprends pas comment c’est arrivé.
J’appelle le secrétariat de ma gynéco à Paris. Et là, la secrétaire me sort, maladroitement :
« Ouh là, 2e fois en 6 mois, ça fait beaucoup. »
Je culpabilise. Je me sens bête, fautive. Coupable, irresponsable, ingrate face à ce « cadeau de la vie ».
Ma gynéco est encore une fois incroyable, douce, présente. On décide que ne rentrerai pas à Paris mais que je ferai l’IVG sur place. Je trouve un médecin dans une clinique.
Seul « problème » : encore une fois, j’ai détecté la grossesse très tôt. Et les médecins veulent s’assurer que la grossesse est bien intra-utérine avant de procéder à l’IVG.
Or, aux tous premiers jours, on ne voit rien à l’échographie. Pour ma première IVG, ma gynéco s’était contentée de deux prises de sang pour suivre le taux de HCG (l’hormone de grossesse). Mais là, ils veulent visualiser.
Je dois attendre. Environ 10 jours.
C’est long. Très long.
Pendant ce temps, les symptômes s’installent. Je sens que ça « tricote » dans mon bas-ventre. Mon imagination s’emballe. Une part de moi se projette malgré moi. Et une autre se déchire. Deuxième cicatrice.
Même si je sais que je prends la bonne décision. Même si je suis sûre de moi. Ça fait un peu mal. Et c’est ok.
Le jour de l’écho, le médecin me demande :
« Vous voulez que je cache l’écran ? »
Je réponds non. Je veux voir.
On voit un petit sac noir. Rien d’autre à ce stade.
Il grimace un peu, m’observe :
« Vous vous sentez toujours enceinte ? »
— Oui, pourquoi ?
Il hésite à me dire, mais j’ai un petit épanchement de sang (je ne me souviens plus du terme médical). Il pense que la grossesse aurait pu être compromise. Mais à ce stade, peu importe.
Ça ne change rien.
Mais comme quoi…
Ce médecin, un homme, est incroyable.
Plein d’empathie, de bienveillance, de psychologie.
Il me dit quelque chose que je n’oublierai pas :
« Ce que vous faites est juste. Si ce n’est pas le bon moment, ce n’est pas le bon moment. Ce n’est pas rendre service à qui que ce soit de faire un enfant si on n’est pas prête, que cela soit mentalement, émotionnellement, financièrement ou autre. Et des accidents, ça arrive. »
Je ne comprendrai surement jamais comment je suis retombée enceinte. Mais je me suis sentie comprise, entendue, respectée. Et ça, c’est précieux.
L’IVG se passe bien. Mais c’est encore plus douloureux que la première fois.
Même le Lamaline ne fait rien.
Je me concentre sur ma respiration. Le seul truc qui me calme, c’est la musique.
J’écoute Birds of a Feather en boucle.
Quand la douleur finit par passer, je me sens comme une warrior.
Je ne savais pas que je pouvais endurer autant.
Pourquoi je vous raconte cette histoire si personnelle ?
Parce que l’avortement, bien qu’il soit un droit fondamental, reste un sujet tabou. Parce que derrière les chiffres, il y a des histoires. Des corps. Des doutes.
On en parle en surface, mais rarement en profondeur. On débat sur les plateaux télé, mais on se tait dans les conversations du quotidien. Et je comprends pourquoi : c’est un sujet complexe, intime, parfois inconfortable. Mais je pense que c’est important d’en parler. D’avoir des témoignages différents. De comprendre les nuances.
En en parlant autour de moi, j’ai bien vu que ça mettait mal à l’aise.
Alors maintenant, j’hésite parfois à en parler aussi ouvertement.
Pourtant, c’est une réalité partagée par des milliers de femmes.
En 2023, il y a eu plus de 243 000 IVG en France.
La tranche d’âge la plus concernée ? Les 20-29 ans.
Pas des ados mais des jeunes femmes, souvent informées, parfois en couple, parfois sous contraception. Des femmes comme moi. Comme vous peut-être.
Une affaire de santé publique
J’ai écrit à Natural Cycles pour essayer de mieux comprendre.
Leur réponse ? Froide. Très technique.
Je ne veux pas nécessairement les blâmer, je trouve leur travail important, et j’espère sincèrement que leur technologie va continuer à s’améliorer.
Mais je me suis posé des questions :
Comment peuvent-ils affirmer avec autant de certitude leurs taux d’efficacité ?
Est-ce qu’ils ont vraiment nos intérêts à cœur ? Ou est-ce qu’ils cherchent avant tout à faire croître un business ?
Et surtout… Pourquoi ce sujet, qui concerne autant de femmes, n’est pas plus soutenu par les politiques ?
Pourquoi la contraception, qu’elle soit hormonale ou naturelle repose encore uniquement sur les femmes ?
Pourquoi n’investit-on pas dans des alternatives plus sûres, plus respectueuses du corps, de nos rythmes, de notre santé mentale ?
Aujourd’hui, beaucoup de femmes arrêtent la pilule.
Elles sont fatiguées :
· de devoir tout porter,
· de subir les effets secondaires,
· de gérer seules les conséquences.
Mais on ne leur propose rien de solide en retour.
Et les chiffres des IVG continuent de grimper.
Ce n’est pas rien.
On a la chance, en France, de pouvoir recourir à l’IVG.
Mais ce n’est pas parce que c’est un droit que c’est un non-sujet.
Un avortement, même choisi, même assumé, laisse une trace.
Et ce ne sont pas des statistiques : ce sont des cicatrices invisibles, des moments où on se sent seule, parfois incomprise.
En osant en parler autour de moi, j’ai réalisé à quel point je n’étais pas la seule.
Des amies proches, des connaissances, des femmes que je n’aurais jamais imaginées…
Beaucoup avaient traversé la même chose.
Il faut soulever le débat.
Pas pour juger.
Pas pour diviser.
Mais pour comprendre.
Pour mieux accompagner.
Pour inventer autre chose.
Parce que nos corps, nos choix, notre santé méritent mieux que des solutions à moitié.
Et surtout, ça mérite d’être entendu.
Et maintenant ?
J’ai finalement opté pour un stérilet en cuivre, après ces deux accidents. Ce n’est pas parfait : règles plus abondantes, crampes, douleurs… mais je me sens mieux protégée.
La contraception parfaite n’existe pas. Faut-il diaboliser la pilule ? Oui et non. Chaque méthode a ses avantages et ses limites.
Parler d’avortement, c’est ouvrir la porte à des récits complexes, intimes, souvent invisibles. Ce n’est jamais un sujet simple. Mais c’est justement pour ça qu’on doit continuer d’en parler, sans honte et sans tabou. Aujourd’hui, je choisis de partager la mienne pour participer à cette conversation, pour qu’on arrête de chuchoter ces mots comme s’ils étaient honteux. Parce que les droits qu’on croit acquis ne le sont jamais vraiment.
Et parce que choisir de ne pas être mère maintenant, c’est aussi une façon de se respecter. Ce n’est ni un caprice, ni un acte égoïste, c’est aussi parfois un acte de lucidité et de courage, parfois de survie. On a le droit de vouloir attendre. Le droit de vouloir autre chose. Le droit de ne pas être prête. Le droit, tout simplement, de choisir pour soi.
Je partage mon expérience pour que vous puissiez faire vos choix en toute conscience. Que le débat continue, que la recherche avance, pour que chacun trouve ce qui lui convient vraiment.
Merci d’avoir pris le temps de me lire.
xx
Elodie
Merci Elodie pour ce témoignage intime, fort de sens et très utile. J’hésitais à sauter le pas sur ce genre de contraception, encore méconnu en France. Quelle résilience ! Bravo à toi🌟
Merci pour votre post
Je retiendrai "ce n'est pas rendre service", en effet le poids de la société est immense et culpabilisant.
Quelle force vous avez eu et d'être entouré de belles personnes ( maman, médecin)